photo Frédéric Chapelet |
Reconstruit entièrement en 1773-1777 par le célèbre facteur François Henri Clicquot, dont l’atelier était situé sur la paroisse, rue des Enfants-Rouges, l’orgue de tribune ne conserva de l’instrument antérieur que le grand buffet dont certains éléments, remontant à 1571, sont les plus anciens de Paris. La statue de saint Nicolas, les anges et les atlantes sont l’œuvre de Guillaume Noyer (1632) ; les ailes latérales du grand corps et le positif de dos sont des ajouts de 1777.
Sauvegardé pendant la Révolution, ce chef-d’œuvre de cinq claviers et 45 jeux fut entretenu par Pierre François Dallery, héritier de l’atelier des Clicquot, qui en 1825 introduisit à la place des Doublettes deux magnifiques dessus de Flûte 8, ajouta une autre Flûte 8 au Récit et supprima les Pleins jeux pour aménager le plan des jeux d’anches.
En 1854, la maison Ducroquet construisit un sommier pour six nouveaux jeux de Pédale. L’impécuniosité de la paroisse, conséquence de la réforme territoriale de 1856, fit que l’instrument échappa aux reconstructions de la seconde moitié du siècle ; seuls les claviers et la soufflerie furent renouvelés (Merklin, 1871).
Une grande restauration, confiée à Victor Gonzalez, s’acheva en 1930. Inspirée par Paul Brunold et Joseph Bonnet, l’émergence d’une conscience du patrimoine organistique eut pour conséquence la préservation sans modifications de toute la tuyauterie et des sommiers d’origine. En revanche, la mécanique fut repensée et un grand Récit expressif ajouté pour l’exécution de la musique « moderne ».
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Nonobstant ces altérations, l’orgue de Saint-Nicolas des Champs demeure un des témoins les plus authentiques de l’art de François Henri Clicquot, avec ceux de Saint-Gervais à Paris (1768), de Souvigny (1783) et de la cathédrale de Poitiers (1790).
En 2006, grâce à un généreux donateur, et aux efforts conjugués de la paroisse Saint-Nicolas et de la Ville de Paris, avec le concours de son expert-organier Eric Brottier, des travaux de gros entretien ont été entrepris, visant à refaire fonctionner les transmissions de 1930. Confiés à l’entreprise Denis Lacorre (Nantes) et achevés en 2008, ces travaux ont consisté à remettre en peau la machine Barker, la plupart des moteurs de tirage de jeux et les moteurs de la Flûte 16 de Pédale.
En 2018, les sécheresses estivales puis les rigueurs hivernales portent un coup fatal aux réservoirs principaux de la soufflerie, contraignant l'instrument au silence. Le grand orgue est aujourd'hui muet, en attente d'une complète restauration.
Vincent Genvrin & François Ménissier, organistes titulaires.
La console Clicquot/Dallery/Ducroquet/Merklin avant sa reconstruction par Victor Gonzalez en 1930. Photo conservée au Conservatoire des Arts et Métiers. |