La transcription
par Vincent Genvrin

pages : 123


Les Sept paroles à Saint-Nicolas des Champs

C’est donc un instrument en devenir que semble illustrer, au moins en partie, la présente transcription. Serait-elle déplacée sur un orgue comme celui de Saint-Nicolas des Champs, riche de sonorités « symphoniques » avant la lettre mais dépourvu de souplesse malgré ses cinq claviers ? Nous ne le pensons pas car une exécution sans assistants demeure sinon facile, du moins possible, à la Sonata V près, comme nous l’avons constaté à la console historique de Saint-Gervais. Il faut pour ce faire négliger certains aménagements de détail et ne pas être trop pressé aux points d’orgue !

Dans le cadre de cet enregistrement, nous avons préféré le confort de l’auditeur (et de l’interprète…) au purisme intégral. Qu’une version sans compromis soit possible, avec un résultat point trop éloigné, nous a paru nécessaire et suffisant pour ne pas verser dans l’anachronisme pur, difficilement défendable lorsque l’on a pour objectif d’illustrer un orgue historique. Nous fîmes donc appel à deux assistants et, comme nous le verrons, un troisième se révéla bientôt indispensable…

Pour ce qui concerne les registrations elles-mêmes, l’état actuel de l’instrument (accord approximatif des jeux à bouche, problèmes d’étanchéité au sommier du Positif) nous a contraints à quelques aménagements : Grand chœur sans Prestants et réduit au minimum pour le Positif ; soli d’anches sans aucun « fond » sauf pour le Chœur de Voix humaine où le Tremblant masque bien des incertitudes. En revanche, l’effet un peu « flottant » des Flûtes nous a semblé tolérable et même, osons le dire, plein de charme.

D’autres modifications des mélanges traditionnels ont pour motif les altérations qu’a subi l’instrument de Clicquot. La réharmonisation de la Montre 8 du Grand orgue par Victor Gonzalez1 nous a conduits à l’exclure des « Flûtes », d’ailleurs généreusement pourvues en jeux ouverts par Dallery.

Les Fonds de Pédale de Ducroquet sont beaucoup plus forts que ne devaient l’être les Flûtes de Clicquot, quoique moins présents.2 En 1854 la Pédale n’était plus utilisée en doublure mais à la manière allemande, c'est-à-dire comme une partie autonome. De là ces Fonds plus « musclés » et la (ré)apparition de la Tirasse que l’on constate dans les orgues agrandis par Daublaine-Callinet / Ducroquet ou Cavaillé-Coll.3

Il n’a donc pas été possible de registrer à la manière ancienne, c'est-à-dire avec les Flûtes 16-8-4 en toutes circonstances, procédé en apparence un peu sommaire mais qui fonctionne admirablement sur un instrument où ces jeux sont conservés (cf. Saint-Gervais).4 Pour autant, nous n’avons pas renoncé aux nombreux avantages que procure la Pédale de 1854, notamment sa superbe Flûte 16 ouverte.

Vincent Genvrin


1 Témoignage de Rudolf von Beckerath. La comparaison avec la Montre 16 du même clavier et la Montre 8 du Positif, conservées intactes, est révélatrice.

2 A l’origine placés dans le grand buffet, aux côtés des anches, les fonds de Pédale ont été placés par Ducroquet sur un second sommier, à l’arrière de l’instrument.

3 On ignore si l’orgue de Saint-Nicolas a comporté une Tirasse après 1854. Une pédale à accrocher en fer, peut-être de Ducroquet, est conservée dans l’orgue. La photo de l’ancienne console n’apporte aucun renseignement à ce sujet.

4 Cette constatation plaide pour une restitution à Saint-Nicolas des Flûtes de Clicquot sur le sommier de Pédale ancien où leurs chapes sont restées vacantes aux côtés des jeux d’anches.


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